Avec une croissance moyenne de sa valeur ajoutée de 6,6% par an de 1999 à 2004, l’industrie réunionnaise est plus dynamique qu’en métropole, mais sa part dans l’économie y est moindre (7% des effectifs salariés à la Réunion contre 15% en métropole) et son poids relatif au sein de l’économie marchande s’érode du fait de la tertiarisation de cette dernière. Réparti harmonieusement parmi les quatre microrégions de l’île, l’emploi industriel représente un peu plus de 16% de l’emploi marchand, à l’exception du Nord où il ne compte que pour 11,5%.
La dernière enquête annuelle de l’INSEE sur les entreprises industrielles (hors bâtiment, énergie et tabac) comptant au minimum dix salariés ou atteignant 800 000 euros de chiffre d’affaires, porte sur l’exercice 2005. Les 329 entreprises recensées ont réalisé un chiffre d’affaires (CA) total de près de 1,8 milliard d’euros pour une valeur ajoutée (VA) de 498,7 millions d’euros de VA (chiffres stables par rapport à l’enquête précédente de 2003). Elles emploient au total 9 435 salariés dans des structures de type PMI, puisque seules trente deux entreprises emploient plus de 50 salariés, parmi lesquelles trois emploient plus de 250 salariés. La taille moyenne des entreprises du secteur ressort à 28,7 salariés. Le taux de valeur ajoutée (valeur ajoutée / chiffre d’affaires), qui mesure la rentabilité, atteint 28,4% pour l’ensemble des entreprises du secteur avec cependant de fortes disparités. Il est le plus élevé dans des entreprises du secteur avec cependant de fortes disparités. Il est le plus élevé dans l’industrie des biens de consommation (37%) et le plus faible dans l’industrie agroalimentaire (24,4%).
La place de l’industrie agroalimentaire dans le tissu industriel réunionnais demeure significative en termes de chiffre d’affaires (41,9% du total), de valeur ajoutée produite (36,1% du total) et de main d’œuvre employée (35,2% de l’ensemble) ce qui représente une part environ trois fois supérieure à ce qui est constaté en métropole. Cependant, le secteur ne regroupe que 21% des entreprises industrielles, ce qui le caractérise par des structures de taille moyenne plus importante avec plus de 48 salariés, 10 millions d’euros de CA et 2,6 millions d’euros de VA par établissement.
Le poids de la branche agroalimentaire résulte historiquement de la conjugaison d’un potentiel agricole important, basé notamment sur la filière canne-sucre-rhum, et de la faiblesse relative de l’industrie manufacturière. L’évolution relativement récente de la distribution moderne a fortement contribué à l’essor de cette filière agro-industrielle locale en rendant ses produits accessibles à un plus grand nombre de consommateurs. Il convient aussi de noter que de nombreuses entreprises ont conclu des accords de franchise et de licence leur permettant de fabriquer localement des produits de marques nationales ou internationales, avec les contrôles de qualité que cette démarche impose, afin de mieux répondre aux exigences de la clientèle.
Si l’industrie agroalimentaire réunionnaise est aujourd’hui composée d’une grande diversité d’entreprises couvrant des secteurs variés (produits laitiers, boissons, boulangeries industrielles, conserves, salaisons, plats cuisinés, tabac, aliments pour bétail, …), l’industrie sucrière, qui compte deux importantes sociétés (Sucrerie de Bois-Rouge – groupe Quartier Français et SDA* - et Sucrière de la Réunion – du groupe Quartier Français) totalise 14,8% des effectifs et contribue à hauteur de 19,2% du CA de la branche.
L’industrie de biens de consommation est la branche la moins représentée dans l’industrie locale. Elle totalise 14% des entreprises et 16% des effectifs moyens pour ne générer que 10% du CA et 13% de la VA, dont près des trois quarts (73% du CA et 74% de la VA) relève de l’ensemble « édition, imprimerie, reproduction » loin devant le groupe « équipement du foyer, pharmacie, parfumerie ».
Avec 30% des entreprises et 22% des effectifs, l’industrie des biens d’équipement ne génère que 15% du CA et 16% de la VA industriels.
A l’inverse, la branche des biens intermédiaires regroupe 34% des entreprises industrielles et 28% des effectifs pour générer 33% du CA et 35% de la VA industriels. L’essentiel provient des « industries des produits minéraux » qui concentrent 43% des effectifs de la branche, génèrent 56% du CA et 52% de la VA.
Après avoir fortement contribué au développement du secteur, les marchés d’import substitution, stimulés par les dispositifs fiscaux favorisant l’investissement et la production locale, semblent désormais arrivés à maturité (entre 1994 et 2003 la croissance annuelle de l’industrie réunionnaise a été en moyenne inférieure de 0,9 point à la croissance des importations, ce différentiel ayant tendance à s’accentuer depuis la fin des années 1990). Les difficultés rencontrées à l’exportation (isolement, coût de la production élevé,…) limitent les possibilités de se développer vers les pays de la zone Océan Indien qui ne représentent que 10% des exportations industrielles réunionnaises. De nouveaux axes de développement pourraient être trouvés en accompagnement de la démarche de Développement Durable engagée par les pouvoirs publics susceptible notamment de dynamiser les secteurs des énergies renouvelables et des déchets, mais également du pôle de compétitivité « Agro-nutrition en milieu tropical » créé en 2005.
* Quartier Français 49% et SDA 51%
Source :
IEDOM, La Réunion en 2006 (Edition 2008)